Aujourd’hui nous souhaitons vous proposer un jeu!
Mais pas n’importe lequel, un jeu qui décidera du destin de l’Angleterre.
Nous allons jouer, vous et moi une bataille qui liera pour plusieurs siècles l'Angleterre à l'histoire de l'Europe continentale et en particulier la France.
Rendez-vous à Hasting le 14 octobre 1066 à une dizaine de kilomètres au nord de la ville du même nom, dans le Sussex de l'Est.
Dans cette partie vous serez le dernier roi anglo-saxon d'Angleterre, Harold Godwinson et comme mon prénom si prête, j’endosserai le rôle de Guillaume Duc de Normandie dit le Conquérant.

Ne soyez pas déçu, l’histoire est de toute manière déjà écrite, mais trop de bavardage, que le combat commence !

Avant d’abattre les cartes il est important de comprendre le contexte, prenez place, désormais vous fait désormais partie de l’histoire !

Au milieu du XIe siècle, votre pays, l'Angleterre est composé d'environ un million d'habitants et s'est débarrassée de la domination des Danois depuis 1042.

Hastings s'inscrit dans la crise de succession ouverte par la mort du roi d'Angleterre Édouard le Confesseur en janvier 1066.

Votre prédécesseur le Roi Édouard le confesseur, règne depuis 1042, concrètement son règne est marqué par la paix et la prospérité.

Le 5 Janvier 1066 il meurt sans héritier, le witan (assemblée composée des principaux nobles et ecclésiastiques du royaume) a été convoqué et vous élit, comte de Wessex Harold Godwinson, vous êtes le plus riche et le plus puissant baron d'Angleterre.
Vous êtes couronné dès le lendemain de la mort d’Édouard.
Mais en 1051, Édouard pour assurer sa succession avait désigné comme héritier son cousin, Guillaume duc de Normandie - moi - plus connu en tant que Guillaume le Conquérant, né en 1028, duc depuis 1047.

Après votre naufrage sur les côtes de Ponthieu et votre capture par le comte Guy Ier, j’ai exigé votre libération.
Par précaution je vous avais fait jurer serment de fidélité en 1064 et vous deviez me fournir votre appui à la succession d'Angleterre.

D’ailleurs la tapisserie de Bayeux ou tapisserie de Mathilde qui est ma femme, est un témoin controversé de cet acte d’allégeance

Mais en 1066, revenant sur votre serment, vous prétendez qu’Édouard avant de mourir a changé d'avis et vous aurait désigné comme son successeur. Les nobles anglo-saxons de toutes manières peu favorables à un roi étranger, vous rallient.

Vous êtes donc couronné roi d'Angleterre le 16 janvier 1066.
Mais pour moi il y a félonie et je décide à juste titre de conquérir mon royaume, le royaume d'Angleterre.

Mais un autre concurrent se met également sur les rangs.
Il s'agit d'Harald III roi de Norvège. Ce dernier invoque un accord passé entre son prédécesseur norvégien et le prédécesseur d'Édouard sur le trône d'Angleterre. Cet accord prévoyait que l'Angleterre et la Norvège reviendraient à celui- qui survivrait si l'autre n'avait pas d'héritier direct. Tostig Godwinson, votre frère, soutient le Norvégien qui décide d'entrer en guerre pour s'emparer de l'Angleterre.

6Début septembre 1066, Harald Roi de Norvège débarque en Angleterre à la tête d'une flotte de plus de 300 navires, avec environ 15 000 hommes sous ses ordres. Il reçoit des renforts menés par Tostig, votre frère que VOUS avez exilé, car il avait harcelé vos côtes anglaises quelques mois plus tôt avec ses propres navires.

Ayant attendu plusieurs mois le débarquement de mes troupes sur la côte sud Anglaise, vous renvoyiez les votre chez elles pour les moissons le 8 septembre, ainsi que votre flotte. Lorsque l'invasion norvégienne commence, vous vous précipitez vers le nord en rassemblant une armée sur la route. Vous tombez sur les Norvégiens par surprise et les battez à Stamford Bridge le 25 septembre. Les envahisseurs subissent de lourdes pertes : Harald et Tostig sont tués, et sur les 300 navires de la flotte d'invasion, 24 suffisent à ramener les survivants chez eux, Olav, le nouveau roi de Norvège, se replie et promet de ne plus envahir l’Angleterre. Néanmoins, la victoire n'a pas été sans coût pour les Anglo-Saxons : votre armée en ressort sérieusement affaiblie.

De mon côté je suis contraint d'assembler une flotte à partir de rien, ce qui me prend plusieurs mois. Mon armée, réunie à Dives-sur-Mer, puis à Saint-Valery-sur-Somme, est composée non seulement de Normands, mais également de contingents venus de Bretagne et surtout de Flandre, car mon épouse est une Flamande. Il faut également acheter des chevaux pour la cavalerie, de la nourriture et avoir le personnel compétent pour s'en occuper.

Mais il faut construire une flotte capable d’effectuer le transport à travers la Manche.
780 navires sont espérés pour réussir cette invasion. Les plus puissants de mes vassaux me procurent un grand contingent, comme Robert, comte de Mortain, mon demi-frère qui fournit 180 vaisseaux, ou Odilon de Conteville, évêque de Bayeux et mon demi-frère également, qui en apporte 100.

On réquisitionne les bateaux de pêche, les navires marchands pour transporter le matériel et l'approvisionnement. La Normandie riche en forêts de chênes et de hêtres fournit le bois nécessaire, on a calculé que près de 7 000 arbres ont dû être abattus et convoyés vers la côte.

Finalement je débarque le 28 septembre à Pevensey, dans le Sussex. J’ordonne la construction d’un château en bois à Hastings, d'où je lance des attaques sur la région alentour. Des fortifications sont également édifiées à Pevensey.

Pendant ce temps et après votre victoire sur les Norvégiens, une bonne partie de vos troupes reste dans le Nord, avant de retourner dans le Sud à marche forcée.
Vous apprenez vraisemblablement la nouvelle du débarquement normand en route.
Là, vous réalisé un exploit pour l’époque, votre armée couvre les 320 km qui la sépare de Londres en l'espace d'une semaine, soit une moyenne de 43 km par jour. Après quelques jours de pose bien mérité à Londres. La nuit du 13 octobre, vous campez avec votre armée sur la colline de Caldbec, à une quinzaine de kilomètres du château que j’ai édifié à Hastings.

Mes éclaireurs me rapportent votre arrivée, réduisant à néant tout éventuel effet de surprise. Les sources offrent des récits contradictoires des événements ayant immédiatement précédé la bataille, mais elles s'accordent à dire que j’aurais conduit mon armée hors de mon château pour aller à votre rencontre, dont l'armée est positionnée au sommet de la colline de Senlac, à une dizaine de kilomètres d'Hastings.

L’armée anglaise, votre armée, est composé de 7 à 13 000 hommes dont pratiquement exclusivement des fantassins, à savoir que la plupart comme les hommes du fyrd ne sont pas des soldats professionnels, seules les Housecarls sont des militaires de carrière dans le royaume d'Angleterre.
On ne connaît qu'une vingtaine d'individus ayant combattu du côté anglais, dont deux sont vos frères, Gyrth et Léofwine.

Pour l’armée normande, la mienne, on retrouve également une assez grande fourchette, on parle de 7000 voire 8000 hommes.

L’armée du conquérant, car je suis là pour conquérir, est constituée de fantassins, de cavaliers, d’archers et quelques arbalétriers.
Pour mes compagnons connus, seul une trentaine est assuré d’avoir été à me côtés sur le champ de bataille.
Selon plusieurs listes d’autres sont susceptibles d’avoir été présent mais leurs ajouts est bien ultérieur à la bataille.

Avant de rentrer dans le vif du sujet un petit point s’impose, comme tous les grands moments légendaires, il est difficile de vous apporter un récit incontestable de l’affrontement car malheureusement les contradictions dans les sources primaires sont assez nombreuses.

Ce qui est certain c’est que la bataille a débuté à 9h du matin le samedi 14 octobre 1066, jusqu'au soir.

Elle se déroule à 11 km au nord d'Hastings, près de l'actuelle ville de Battle. Le champ de bataille est encadré par deux collines, celle de Caldbec au nord et celle de Telham au sud. C'est un endroit densément boisé, situé à proximité d'un marais.

Vos forces sont déployées en formation serrée autour du sommet de la colline de Caldbec. Les flancs sont protégés par les bois, le sol devant vous est marécageux et traversé par un cours d'eau. Le premier rang de votre armée anglo-saxonne forme un mur de boucliers afin de se protéger de l'offensive ennemie.

De mon côté nous avons organisé les troupes en trois groupes ou « batailles ». À gauche se trouvent les Bretons, avec les Angevins, les Poitevins et les Manceaux, menés par le baron breton Alain le Roux. Au centre se trouvent les Normands, menés par votre serviteur.
À droite se trouvent les Picards, les Boulonnais et les Flamands, menés par Guillaume de Crépon et le comte Eustache II de Boulogne. Les archers sont en première ligne, devant les lanciers à pied, tandis que la cavalerie reste en réserve.

Ma stratégie a pour but d’affaiblir mes adversaires par une slave de flèches et ensuite faire avancer l’infanterie pour aller au corps à corps. La finalité de ma mise en place aurait été une charge de cavalerie qui exploite les brèches ouvertes par les fantassins dans les rangs anglais pour vous balayer et pourchasser les éventuelles fuyards.

Fortuitement la bataille démarre mal pour mes hommes, les flèches de nos archers normands ricochent sans grande efficacité sur votre mur de boucliers.

Mes affaires ne s’arrangent pas dû au faible nombre de vos archers anglo-saxons, le nombre de flèches est assez limité et donc peu susceptibles d’être ramasser et réutiliser.

Pour réagir je décide d’envoyer mes lanciers, ces derniers sont repoussés à l’aide de projectiles aussi divers qu’original : frondes, lances, javelots, haches, pierre, enfin tout ce que vous voulez…

La cavalerie essuiera aussi un échec lors de son assaut contre le « mûr » anglais, en effet vous disposez d'un terrain plus facile, mais la victoire n’en sera que plus savoureuse.

Cet évènement m’oblige à sonner une retraite générale car l’aile gauche cède complétement apportant une confusion dans nos rangs et la rumeur de ma mort se répand très rapidement.

Pire vous profitez de la confusion et vos hommes se lancent à la poursuite de mes normands en déroute pour en finir ! mais je ne suis pas née de la dernière pluie, j’entreprends de chevaucher parmi mes troupes le visage découvert, pour montrer à mes hommes que je suis toujours vivant et je mène une contre-attaque !

Avec ce coup de poker je réussi à prendre l'avantage. J’envoie ma cavalerie normande secourir mes troupes et prend en tenaille votre aile droite.
Vos rescapés anglais décideront de se regrouper sur une butte.

Ce repositionnement tactique des Anglais est le moment clef de la bataille.

Nous arrivons à la mi-temps de ce duel car ce début d’après-midi est le temps pour les soldats de manger et de se reposer.
De mon côté j’en profite pour élaborer une nouvelle stratégie, tout ceci m’a inspirée !

Le Bâtard que je suis ne sera pas très original, je vais réutiliser la même ruse et provoquer une brèche sur le flanc gauche cette fois.

Pour provoquer cette fameuse brèche et tenter de déplacer le bloc anglais dans une position approprié, j’envoi des archers au plus près de vos hommes pour qu’ils effectuent un tir tendu à l’horizontal, cette stratégie ne permet pas de rompre vos lignes, mais elle entraîne la mort de plusieurs Housecarls qui seront seront remplacés par des soldats du fyrd nettement moins équipés et entrainé.

A ce moment je sonne la charge de cavalerie pour en finir, je pénètre enfin votre solide mur de bouclier et mes hommes font un carnage dans vos rangs !

Submergé, vos hommes tombent les uns après les autres puis deux de vos frères sont tués.
Nous arrivons à l’instant fatidique ! une flèche tirée par un archer normand anonyme, vient se ficher dans votre œil droit et vous tue sur le coup !

Privés de leurs chefs et roi, vos « saxons » luttent, vaillamment, jusqu’au crépuscule et jusqu’à rompent les rangs puis finissent par se disperser.

Je suis désormais le maître du royaume Anglais !!
Le roi usurpateur est mort dans la bataille, ainsi que ses frères et les plus importants seigneurs anglo-saxons.
Si vous n’y voyez pas d’inconvénient, je serais couronné roi d'Angleterre, le 25 décembre 1066 à Westminster.

Le lendemain de la bataille, le corps d'Harold est identifié à partir de son armure, Son étendard personnel est présenté à Guillaume le conquérant avant d'être envoyé au pape.
On pourrait presque assimiler cette bataille à une croisade finalement.
Les cadavres anglais sont abandonnés sur le champ de bataille, tandis que ceux des Normands sont inhumés dans une fosse commune dont l'emplacement reste inconnu.

Guillaume le Conquérant mettra longtemps à soumettre les anglais qui cherchent à préserver leur culture, il devra contenir de nombreuses révoltes de la noblesse anglaise qui ne lui reconnaît pas d’autorité, au bout d’une 20 aines d’années l’Angleterre deviendra définitivement normande, comme quoi la détermination paye !

Il s’accapare tous les territoires et installe sa noblesse normande éliminant ainsi la noblesse issue des précédents envahisseurs, les angles et les saxons.

Les Normands introduisent par ailleurs leur langue d'adoption, le Français.
C’est de la que vient le très grand nombre de mots et de racines que possèdent en commune l'anglais et le français modernes.

Pour l’Angleterre, la bataille d’Hastings fut un « un jour fatal », cette bataille marque à vie l’histoire de France, la prise de pouvoir du conquérant en fera un important seigneur féodal et un vassal du roi de France.
Puissant vassal qui deviendra même un véritable danger pour la couronne de France.

Ces premiers germes de discordent mettront en place le théâtre d’un autre conflit tout aussi important dans l’histoire de nos pays : la guerre de cent ans.

Cette bataille a marqué pour toujours l’histoire nos deux nations et est à l’origine de cette relation si unique avec nos voisins britanniques.

Nous espérons que cette partie de cartes immersive vous a plu !
En tout cas nous avons pris beaucoup de plaisir pour la réalisation de cette émission !

Si vous avez apprécié, ou pas d'ailleurs, cette nouvelle façon de « vivre » l’histoire dites-le nous en commentaires vos avis nous intéressent énormément !

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Me concernant je reprend mon journal.
Ben oui, avec quoi tu crois qu’on réécrit l’histoire ici ?

Sources :
-Universalis
-Wikipédia
-Le Figaro
-Futura Sciences.com
-La Croix.com
-Ouest France
-Herodote.com
-Castlemaniac.com
-Histoire de France.net