Aujourd’hui nous allons parler d’une des plus grandes figures emblématiques de la gastronomie lyonnaise ; non il ne s’agit pas de Paul Bocuse mais plutôt de celle chez qui il commencera son apprentissage en 1946, nous parlerons de madame Eugénie Brazier.

Eugénie Brazier
Eugénie Brazier

Son histoire commence le 12 juin 1895 à la Tranclière, une commune située environ à 6 Km de Bourg-en-Bresse, elle grandit dans une famille de paysans bressans originaire de Dompierre-sur-Veyle.

Suite à la mort de sa mère à l’âge de 10 ans, elle sera placée dans des fermes de la région où elle gardera des vaches et des cochons mais où elle commencera la découverte de la cuisine Bressane.

Ecolière peu concernée et d’une autre époque, elle confiera « j’allais à l’école, par hasard, seulement l’hiver et lorsqu’il n’y avait pas de travail à la maison »

Sa vie connaîtra un nouveau tournant à l’âge de 19 ans, elle sera contrainte de quitter sa région natale suite à la naissance de son premier enfant, Gaston qu’elle aura avec un certain Pierre, un homme marié habitant Dompierre-sur-Veyle. Cependant elle se brouillera avec son père qui la mettra dehors, suite à cette grossesse. Contrainte de trouver un travail, elle partira pour Lyon laissant son fils en nourrice.

Employée chez la famille Milliat, célèbre fabricant de pâtes et fournisseur de la mère Fillioux, elle sera dans un premier temps embauchée comme nourrice et deviendra chargée de la cuisine, lorsque la cuisinière attitrée tombera malade.

Elle apprendra les rudiments de la cuisine auprès de cette riche famille, les suivants jusqu’à Cannes durant deux années au cours de la Première Guerre mondiale.

A force de courage et persévérance elle se fera embaucher auprès de la mère Fillioux en 1915 située au 73 rue Duquesne à Lyon puis fera un passage à la Brasserie du Dragon, ce qui lui permettra de commencer à écrire sa légende dans la gastronomie française.

Au xixe siècle et au début du xxe siècle, beaucoup de restaurants de Lyon étaient tenus par des femmes, surnommées “les mères”

Fort d’une solide réputation à force de travail, le 19 avril 1921 avec un capital de 12 000 francs elle ouvrira un bouchon lyonnais situé au 12 rue Royale de la 1ere arrondissement lyonnais.

Malgré des débuts timides, une salle vide au déjeuner et 15 couverts le soir au premier jour, elle gagnera malgré tout son pari grâce au bouche-à-oreille et aux critiques très positives du célèbre critique gastronomique Curnonsky et du club des cent qui lui permettront de grandir et devenir un des restaurants les plus prisés de Lyon.

Ce sera en 1928 que sa légende rejoindra celle du col de la Luère. Elle décidera de prendre du repos dans un chalet sans gaz, ni électricité. Sous la demande pressante de ses clients, elle ouvrira son second restaurant dans le col en 1929 qui deviendra une annexe de son premier restaurant.

En 1941 cette petite cabane en bois deviendra un solide restaurant en pierre. Elle finira d’y exercer son art à la direction de celui-ci. Un jeune démobilisé de la Seconde Guerre mondiale y fera également sa formation, un certain Paul Bocuse. Il y poursuivra son apprentissage en 1946 dans le restaurant situé dans le col de la Luère en s’occupant du jardin, du potager, traire les vaches, s’occuper de la lessive ainsi que le repassage non sans oublier de faire la cuisine.

Son talent unique lui permettra de marquer durablement l’histoire de la cuisine française et internationale en 1933. Elle fera partie de la première promotion des grands chefs cuisiniers du guide Michelin à obtenir 3 étoiles pour ses deux restaurants et cela deux fois de suite, un exploit que seul Alain Ducasse sera capable de reproduire en 1997.

Eugénie Brazier et son équipe

Décidée à passer la main, son fils Gaston lui succèdera en 1968, seulement il décédera 6 ans plus tard. C’est sa petite fille Jacotte qui perpétuera l’héritage de sa grand-mère pendant 30 années.

Eugénie Brazier s’éteindra en 1977 à St Foy les Lyon, elle sera inhumée au cimetière du Mas Rillier aux côtés de son fils

Un grand tournant s’opèrera en 2004, Jacotte Brazier décide de transmettre son héritage à deux amis, Philippe Bertrand et Bob Tosh .

Soucieux de conserver l’histoire et l’esprit de sa fondatrice, ils garderont le nom de l’établissement ainsi que ses menus traditionnels tout en n’oubliant pas de lui apporter une certaine touche de nouveauté grâce à Yannick Decelle qui s’installera derrière les fourneaux.

Mathieu Viannay élu meilleur ouvrier de France en 2004 reprendra le restaurant en octobre 2008

l’hommage de Google pour célébrer Eugénie Brazier

Sa célèbre volaille de Bresse demi-deuil et petits légumes ou encore son fonds d’artichaut au foie gras lui auront permis de s’installer définitivement dans la légende et lui permettront de devenir l’emblème de la cuisine lyonnaise mais également de s’exporter au niveau international.

Son influence sur la ville est telle qu’Edouard Herriot (maire de Lyon à l’époque) lui-même dira « Elle fait plus que moi pour la renommée de la ville »

Cette mère emblématique trouvera son apogée dans la mémoire des Lyonnais a la célébration des 80 ans de son premier restaurant situé rue Royale, la rue de celui-ci sera rebaptisée Rue Eugénie Brazier

Sources :

-Lyon France
-Wikipédia
-Mère Brazier épicerie
-Amis Eugenie Brazier